
©RD
Bilan 2022
L’année 2022 est terminée. L’exercice est terminé, c’est l’heure du premier bilan. Une année noire, diront certains. C’est vrai qu’à première vue, l’année dernière ne nous a rien épargné.
Guerre en Ukraine, inflation massive, menace de récession en Europe, instabilité politique au Royaume-Uni, mais aussi au Mali, avancée de l’extrême droite en Italie, affaiblissement de l’Allemagne, hausse des prix de l’énergie…
Dans ce concert de mauvaises nouvelles, la France n’est pas en reste. La fragmentation de l’Assemblée nationale interdit tout débat constructif et contraint le gouvernement à faire passer ses réformes en vigueur, du 49.3 au 49.3. Plus inquiétant peut-être, les Français ont découvert que les principaux secteurs de la santé, de l’éducation et de l’énergie – tous sous le contrôle absolu de l’État – sont au bord de l’échec. L’école ne forme plus correctement, l’hôpital n’a plus la capacité de soigner et l’énergie nucléaire a été sacrifiée sur l’autel des idéologies. Difficile de faire pire en un an.
Sous l’avalanche de mauvaises nouvelles, beaucoup ont succombé à la tentation d’une table rase. Une telle accumulation de catastrophes et de crises révèle un système à bout de souffle. Fin de l’hégémonie américaine, échec de l’Europe, échecs de l’économie de marché, faiblesses de la démocratie ; 2022 sera tout cela. Un vaste champ de ruines qui appelle à tout changer. Revoir l’organisation du monde, modifier les alliances, refermer les parenthèses de la mondialisation et oublier les démocraties trop tièdes pour faire face à l’ampleur des problèmes. Ce serait donc le triste bilan de 2022 : la fin du monde moderne.
Pas si vite. Avant de fermer le livre de comptes, levons les yeux du nombril et prenons un peu de hauteur. Les démocraties sont en crise, l’économie va mal, c’est un fait. Nul ne le conteste, et c’est d’ailleurs la force de ces systèmes qu’ils ne cachent jamais leurs insuffisances. Qu’en est-il des organisations alternatives ? Ont-ils traversé 2022 avec plus de calme et de sérénité ? Absolument pas. Par ailleurs, la plupart des crises qui ont frappé le monde ces dernières années n’ont pas leur origine dans les démocraties libérales mais au cœur des régimes autoritaires que certains soutiennent aujourd’hui. La pandémie est chinoise et la guerre est russe. Et où sont ces pays aujourd’hui ?
La Chine, complètement sous le contrôle d’un homme, après le 20e Congrès du PCC, est partout entourée de politique de santé. Après la diffusion de la Coupe du monde, les Chinois ont même découvert avec étonnement qu’ils étaient les seuls encore piégés et prisonniers d’une stratégie “zéro Covid” aussi inefficace que meurtrière. Ajoutez à cela les images de ces gratte-ciel détruits faute d’acheteurs et les rapports montrant que le gouvernement chinois ne fournit plus aucune donnée pertinente sur la situation économique du pays et on comprend l’état réel du pays. La Chine, géant du carton, c’est ce que révèle l’année 2022.
Pire encore du côté russe. La prise de Kiev en trois jours a laissé place à une longue guerre que Poutine ne peut plus gagner. L’armée russe, réputée si puissante, révèle toutes ses faiblesses. L’économie s’effondre, les soldats fuient, la propagande est déformée. Pour la Russie, 2022 est la preuve que le pays n’est qu’un village Potemkine.
Quant à la République islamique d’Iran, la mort de Mahsa Amini a déclenché un soulèvement qui menace ses fondements mêmes. Malgré la répression, les Iraniens et les Iraniennes continuent leur mouvement pour la liberté.
Partout où vous regardez, les dictatures sont au bord de l’effondrement ; et ils sont l’épicentre de crises qui ne nous affectent que par effet d’entraînement. C’est ce que nous avons appris l’année dernière : s’il y a une odeur de soufre qui plane sur nos démocraties libérales, c’est parce que les régimes autoritaires dépérissent.
Malgré les coups, 2022 confirme donc la tendance observée par Fukuyama : pas de fin du monde, seulement la fin de l’histoire. Bonne chance pour la suite.