25 % d’augmentation : le prix des billets d’avion s’envole, on vous explique pourquoi

Après vingt ans de baisse continue des prix du transport aérien, l’année 2022 marque une rupture historique. La hausse des prix est colossale, à la fin de la pandémie de Covid-19 qui a fragilisé les compagnies aériennes mais dont les banques transportent les voyageurs. Pourquoi une telle augmentation, qui dépasse le taux d’inflation, est-elle conjoncturelle ou structurelle ?

“Il n’y a pas de complot caché dans tout le transport aérien pour dire : ‘On va reconstituer nos marges’. Des marges, il n’y en a pas, après deux ans de crise du Covid”, balaye Pascal de Izaguirre, PDG de la société française Corsair. Pourtant, tous les candidats au voyage en avion l’ont remarqué : cela coûte plus cher. Alors pourquoi?

1 – Des prix 25% plus élevés qu’en 2019

Les chiffres de la DGAC ne sont pas très confus : les prix des billets d’avion ont augmenté, que ce soit par rapport à l’an dernier ou à 2019, avant la crise sanitaire. Pour un vol au départ de la France, la hausse constatée par la Direction de l’Aviation Civile est de 21,8% d’octobre 2021 à octobre 2022, soit 24,8% par rapport à octobre 2019.

Cette hausse n’est pas uniforme selon que l’on souhaite effectuer un vol intérieur, + 19 % en trois ans, se rendre à l’étranger, + 25,7 %, partir ou revenir aux Antilles. De plus, l’inflation est proche de 35% entre octobre 2021 et 2022.

“On observe la même chose aux Etats-Unis”, rapporte Marc Ivaldi, spécialiste du transport aérien et enseignant à TSE, l’école d’économie de Toulouse. Et les avions sont pleins.

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2 – Le retour aux bonnes figures aériennes

Mardi, Willie Walsh, directeur général de l’Iata, l’Association du transport aérien international, a annoncé que la poursuite “atteindra 70,6% des niveaux d’avant-crise”en 2022. Mais c’est une moyenne annuelle.

Rentabilité de l’industrie attendue en 2023 alors que ✈️ ✈️ continue de réduire les pertes dues à la pandémie. # Air ils devraient afficher un petit bénéfice net de 4,7 milliards de dollars, le premier bénéfice depuis 2019, lorsque les bénéfices nets de l’industrie étaient de 26,4 milliards de dollars.

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— IATA (@IATA) 6 décembre 2022

“Depuis l’étédéclare Laurent Timsit, délégué général de la Fédération nationale de l’aviation commerciale (Fnam), en France, on est plus à des taux de 80 ou 90%. Et nous pouvons dépasser le niveau d’activité de 2019 pendant la période des fêtes.”

L’IATA se base sur un “forte tendance à la croissance” et le retour à la rentabilité en 2023, un niveau de voyageurs équivalent à 85,5% de celui de 2019 l’an prochain, malgré ces prix élevés.

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3 – Pétrole et dollar, salaires, loyers, etc.

“On est au bout de la chaîne, on subit tout”exhorte Pascal de Izaguirre, également président de la Fnam, sur les augmentations “coût important” transporteurs. Qu’ils ne feraient que passer “en partie” sur leurs clients, dit-il.

“Nous avons deux éléments essentiels, le poste carburant et la dégradation de la parité euro-dollar”devise dans laquelle “55 % des dépenses des compagnies aériennes sont express.” En prenant l’exemple de sa société Corsair, le pétrole est passé de 27 % des dépenses à 39 % en 2022. “J’avais construit mon budget à un prix de 630 dollars la tonne, il a atteint un pic à plus de 1 400 dollars en juin.” La hausse du dollar accentue celle du carburant et impacte “la location des avions, une partie de leur maintenance ou encore l’assurance”.

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Pascal de Izaguirre ajoute un complément “de 24% en 2022 des redevances de navigation aérienne”inflation, salaires et autres Russie à éviter, pour justifier le prix des billets : « Nous n’avons pas de solution miracle.

#ConfpresseFNAM (déplier) | Bilan 2022, enjeux et perspectives du transport aérien ??… En quelques visuels et 6 vidéos, que faut-il retenir de notre récent rendez-vous avec la presse #avgeek.

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— Fédération Nationale de l’#Aviation et de ses Métiers ✈️ (@FNAMaviation) 21 novembre 2022

4 – Moins de vols que des vols plus chers

L’économiste Marc Ivaldi, également directeur de l’Institut pour une aviation durable, pointe une autre raison, qu’il voit “certainement important : le nombre de vols a diminué. Il n’y a pas assez de personnel dans de nombreuses compagnies, elles ont du mal à recruter des hôtesses, des stewards, des pilotes, etc.” A priori, l’envie de voyager est forte et la loi du marché est bien connue : “Une forte demande, une offre réduite pousse à la hausse. Est-elle soumise ou est-elle sollicitée ? Impossible à dire.”

5 – Augmentation permanente des prix ?

“Si le pétrole baisse, si la parité euro-dollar s’améliore, vous verrez une baisse du prix des billets”, assure le patron de Corsair. Marc Ivaldi juge la situation “assez conjoncturel”mais il ajoute “qu’on ne peut pas s’attendre à une baisse du coût du pétrole”plus du quart du prix du billet.

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De même, Michael O’Leary, prolongé mercredi à la tête de Ryanair, a déclaré mi-août que notre “des prix de 1€, 0,99€ et même 9,99€, je ne pense pas que vous les verrez dans les années à venir”. Notamment parce que Ryanair, comme ses alter ego, va devoir investir et embrasser ses vols.

6 – Il va falloir payer la transition verte

Le transport aérien s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre à zéro d’ici 2050. Sa neutralité carbone passera par l’achat d’avions plus économes, l’utilisation de carburants dits durables (SAF), aujourd’hui “huit fois plus cher que le pétrole”dit Pascal de Izaguirre. « A peu près trois fois, en 2030estime Gardois Marc Cottignies, ingénieur et expert à l’Ademe, quand ils sont plus produits.”

L’Europe prépare un règlement sur les leurs “incorporation progressive”. Et elle a trouvé mercredi un accord sur la fin des quotas de carbone gratuits alloués aux entreprises, jusqu’en 2026. Devra les acheter, coût supplémentaire.

Aviation : suppression des quotas gratuits d’émission de carbone annoncée pour 2026 #aviation #L’Europe  #quotas @Conseil de l’UE @Europarl_FR @transenv https://t.co/2Rq1Za7RbQ

– Actualités Environnement (@Actuenviro) 8 décembre 2022



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