
Qui paiera le surcoût engendré par la nouvelle aide aux très petites entreprises (TPE) annoncée par Bercy vendredi 6 janvier, pour faire face à la hausse du coût de l’énergie ? A ce stade, ce surcoût reste impossible à quantifier. Les fournisseurs d’énergie et le ministère de l’Economie doivent en discuter dès le début de la semaine.
Le dispositif annoncé vendredi concerne les entreprises de moins de dix salariés, qui réalisent un chiffre d’affaires de deux millions d’euros au plus, et qui consomment beaucoup d’électricité parce qu’elles disposent d’un four, d’une rôtissoire ou d’une chambre froide, par exemple. De par la loi, ces entreprises n’ont pas accès au tarif réglementé.
Durement touchées par la hausse des prix de l’énergie, les 600 000 entreprises concernées savent désormais qu’elles ne paieront pas plus de 280 € par mégawattheure en moyenne cette année, si elles ont renouvelé leur contrat d’électricité entre le 1.euh juillet et 31 décembre 2022. Ce tarif est à comparer aux prix de gros du marché français de l’électricité : les contrats signés pour une livraison dans un an s’échangeaient le vendredi 6 janvier autour de 225 € le mégawattheure. Tarif inférieur au maximum garanti dans le nouveau système, mais entre juin et décembre 2022 ces prix de gros ont toujours été supérieurs à 400 €/MWh, même avec un pic supérieur à 1 100 €/MWh fin août, par rapport à un historique moyenne d’environ 50 €.
Distorsions de concurrence
« Cet appareil est une excellente nouvelle.salue Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire général de la CPME (confédération des PME). Même si cette redevance maximale reste très élevée, elle donne une réelle visibilité aux entreprises concernées. » Ce gestionnaire pointe cependant deux limites. première, « le risque de créer des distorsions de concurrence : une entreprise de onze salariés travaillant sur le même territoire et le même secteur n’aura pas accès au dispositif alors même qu’elle a un profil très similaire à son concurrent de moins de dix salariés ». Le CPME demande donc que le dispositif soit étendu à toutes les PME, c’est-à-dire jusqu’à 250 salariés. Avec le risque cependant de déplacer des effets de seuil, inévitables lorsqu’une mesure vise une catégorie spécifique.
La deuxième limite indiquée par Jean-Eudes du Mesnil du Buisson : “Les contrats signés uniquement entre le 1euh Les 31 juillet et décembre 2022 permettront l’accès au nouveau système. Les entreprises qui avaient l’habitude de signer un contrat à un taux supérieur à 280 €, mais pas dans cette période spécifique, se verront également pénalisées. » Il demande donc la possibilité que ces contrats puissent être renégociés. “Cette option était sur la table la semaine dernière, mais nous n’avons pas eu de nouvelles d’elle depuis la réunion de vendredi”, il se plaint.
Aides diverses
A Bercy, on rappelle les autres aides. Il y a d’abord la deuxième version de l’humidificateur électrique. A compter du 1euh janvier, ramène le prix moyen (hors coûts de distribution et hors taxes) à 180 €/MWh pour la moitié des volumes d’électricité consommés. Bercy calcule que cela devrait représenter une économie de 20% de la facture pour les entreprises de moins de 250 salariés et 50 millions d’euros de chiffre d’affaires.
De plus, il existe une fenêtre sur le site des impôts, qui vous permet d’obtenir jusqu’à 40% de réduction sur votre facture. Pour en bénéficier, l’énergie doit représenter au moins 3% du chiffre d’affaires avec un doublement de la facture par rapport à l’année précédente ou du nouveau contrat. Mais malgré les efforts de rationalisation de l’administration, les chefs d’entreprise peinent à s’y retrouver.
le partage du fardeau
Du côté des petits fournisseurs d’énergie, inquiets des répercussions financières du nouveau régime d’aides aux TPE, l’exonération prévaut. “Bercy a compris qu’il fallait prendre en compte l’impact financier du système afin de préserver la survie des petits fournisseurs”, souligne Géry Lecerf, de l’Afieg (Association française indépendante de l’électricité et du gaz). Même son de cloche pour Julien Tchernia, le patron d’Ekwateur. “Pour éviter la faillite, chaque fournisseur quantifiera l’impact financier de ce dispositif et négociera en bilatéral avec Bercy ce qu’il peut raisonnablement couvrir. Le partage de la charge se fera entre les prestataires, selon leurs moyens, l’Etat et le consommateur. » Selon Bercy, 80 % des entreprises concernées sont clientes de grands fournisseurs – à EDF (50 %), Total (15 %) ou Engie (15 %).
Cependant, certains craignent une boîte de Pandore. Dès jeudi, le président du Sénat Gérard Larcher (LR) a mis en garde : « Nous ne pouvons pas aider tout le monde. »
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Vers un taux garanti pour les copropriétés ?
Le ministre délégué au Logement Olivier Klein a annoncé dimanche 8 janvier sur radio J qu’une mesure similaire d’aide aux TPE pour le logement collectif serait discutée avec les fournisseurs de gaz et d’électricité. Si ces discussions aboutissaient, cela irait au-delà du système actuel, puisqu’il permettrait de mieux compenser les contrats signés ces derniers mois à des taux très élevés.