Après les chocs de 2022, l’économie mondiale va payer les pots cassés – 07/12/2022 à 04:30

Hausse des prix, guerre, hausse des taux, réchauffement climatique… Prévue pour être au beau fixe en 2022, l’économie mondiale a finalement subi une succession de crises exacerbées par l’invasion russe de l’Ukraine, qui laisse présager une année 2023 noire.

2022 restera l’année de la “polycrise”, selon l’expression popularisée par l’historien Adam Tooze : des chocs hétérogènes qui s’interagissent, et font le gros.

Ces chocs “se sont accrus depuis le début du siècle”, avec la crise financière de 2008, celle de la dette souveraine, la pandémie, la crise énergétique, souligne auprès de l’AFP Roel Beetsma, professeur d’économie à l’université d’Amsterdam.

Pour lui, le monde “n’a pas connu une situation aussi compliquée depuis la Seconde Guerre mondiale”.

Inflation persistante

Après des années de morosité, son retour aurait dû être temporaire, concomitant à la relance post-pandémique, disaient ensemble des experts il y a un an. L’invasion russe de l’Ukraine et le boom énergétique ont rebattu les cartes.

Sans précédent depuis les années 1970 et 1980, l’inflation pousse des millions de familles des pays développés dans la précarité et menace celles des pays pauvres d’une misère accrue. Cependant, il a commencé à diminuer, à 10% en novembre dans la zone euro et à 6% en octobre aux Etats-Unis.

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L’inflation devrait atteindre 8% au quatrième trimestre dans les principaux pays développés et émergents du G20, avant de retomber à 5,5% en 2023 et 2024, selon l’OCDE, qui recommande, pour en sortir, des aides plus ciblées. Notamment en France et en Allemagne qui, comme d’autres, ont dû rouvrir le chéquier pour venir en aide aux familles et aux entreprises.

Rien que dans l’Union européenne, il leur était promis 674 milliards d’euros à partir de septembre 2021, selon le think tank Bruegel. Dont 264 milliards pour l’Allemagne, où une personne sur deux déclare n’acheter désormais que le strict nécessaire, selon une enquête du cabinet EY.

“Tout est devenu plus cher, entre la crème fraîche, le vin, l’électricité”, énumère Nicole Eisermann, qui tient un stand au marché de Noël de Francfort.

“Je vais faire attention, mais j’ai beaucoup d’enfants et de petits-enfants” qui veulent des cadeaux, sourit l’un des clients, Günther Blum.

Des banques centrales plus dures

Mandatés avant tout pour préserver la stabilité des prix, les banquiers centraux ont presque tous repris le chemin de la hausse des taux d’intérêt.

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Mais cette stratégie pèse un peu plus sur l’économie en renchérissant les conditions de prêt aux familles et aux entreprises. De même pour les États, plus endettés que la crise financière et la pandémie, et pour certains désormais menacés d’instabilité voire de défaut.

Une lueur d’espoir est arrivée des Etats-Unis : Jerome Powell, le patron de la banque centrale américaine (Fed) a déclaré que ses taux pourraient augmenter moins fortement en décembre, tout en avertissant qu’ils pourraient rester élevés “pour le temps”.

La Banque centrale européenne, se voit encore loin du point d’arrivée, sans avancer à 2023 : une nouvelle hausse en décembre est acquise, mais sans doute moins forte qu’en octobre.

Récessions et crise climatique à l’horizon

La planète est encore loin d’une récession généralisée l’an prochain : le FMI prévoit toujours une croissance de 2,7 % et l’OCDE de 2,2 %.

Mais le Royaume-Uni s’est déjà déclaré « en récession », et de nombreux économistes pensent que l’Allemagne et l’Italie suivront.

Pour l’ensemble de la zone euro, l’agence de notation S&P Global s’attend à un premier trimestre particulièrement difficile et à une stagnation au cours de l’année. Nouvelle détérioration des perspectives après celles annoncées courant 2022.

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Dans le même temps, la locomotive chinoise s’essouffle : consommation et production manufacturière y pâtissent de la stratégie de lutte contre le Covid, de plus en plus contestée, et les exportations sont plombées par la baisse mondiale.

“Les Etats-Unis souffrent d’un problème de surchauffe classique qui devrait se résoudre de lui-même”, en revanche “la reconfiguration énergétique de l’Europe prendra des années et personne ne sait quand la Chine sortira de sa stricte politique zéro-Covid”, écrit S&P Global.

Mais “la pire crise, qui arrive lentement, c’est la crise climatique”, estime Roel Beetsma.

Face à la multiplication des catastrophes, les ambitions restent trop timides, comme la COP27 qui n’a pas réussi à fixer de nouveaux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

La difficulté des États à gérer la hausse des prix de l’énergie reflète également leur lente transition. “Si nous n’en faisons pas assez, cela nous frappera à une échelle jamais vue auparavant”, pense Roel Beetsma.

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