
Crédits photos : F. Tanneau/AFP
Ce jeudi ont eu lieu à Brest les obsèques de Didier Cabon, un ouvrier de Bibus, qui s’est suicidé samedi après une gestion agressive de l’entreprise. Un cortège de plus d’une centaine de voitures se dirige vers le centre funéraire en empruntant les lignes de tramway. Un hommage qui fait suite à la mobilisation de lundi où 250 salariés étaient en grève et bloquaient le dépôt de bus pour rendre hommage à leur collègue et dénoncer les méthodes de management. Ce jeudi ils se sont à nouveau mobilisés avec force pour honorer la mémoire de leur collègue avec 100% des ouvriers en grève selon la CFDT.
La veille des obsèques, ce mercredi, une conductrice du tramway Bibus a tenté de se suicider de son côté, et est actuellement hospitalisée. Elle a également subi les méthodes de gestion. Après avoir eu un accident du travail, elle a essayé de travailler à nouveau à temps plein, mais s’est rendu compte qu’elle souffrait trop, alors elle a demandé un travail à temps partiel à 80 %, indique la CFDT au Télégramme. La direction acceptait au téléphone avant de se retirer, laissant le salarié seul sans solution à améliorer.
Les modes de gestion à l’origine de ces drames
Cette nouvelle tentative de suicide montre le désespoir et la violence sociale créés par la direction de l’entreprise. Loin d’être un cas isolé, le suicide de Didier Cabon témoigne d’un malaise général au sein de Bibus. Des décisions telles que refuser à une salariée de travailler à temps partiel alors qu’elle souffre, des changements d’emploi ou des rétrogradations, peuvent conduire à des actions désespérées pour des salariés épuisés par des conditions de travail devenues très difficiles, notamment avec l’arrivée en 2019 de RATP Développement, filiale de la RATP.
Ces modes de gestion, qui ne tiennent pas compte des besoins des travailleurs et finissent par les écraser, résultent de la volonté de faire de plus en plus d’économies au détriment des conditions de travail. Ainsi, en interne, des politiques sont mises en place pour faire pression sur les salariés pour qu’ils économisent partout où c’est possible, pour avoir le service le plus rentable au moindre coût possible.
A cela s’ajoute la gestion agressive, courante à la RATP avec des conseils disciplinaires à l’encontre de syndicalistes qui arrivent régulièrement. La direction considère les employés comme des travailleurs jetables qui peuvent s’effondrer physiquement et psychologiquement à volonté.
Les directions qui brisent des vies sont responsables
Face à la violence de la direction, aux réorganisations internes et aux politiques de pression sur les salariés, les travailleurs de Bibus ont réagi par une grève massive qui montre la colère de l’entreprise. Après un CSE très tendu mercredi entre direction et représentants du personnel, une enquête sur le décès de Didier Cabon va être diligentée par la CARSAT.
Plus généralement, les salariés de Bibus sont loin d’être les seuls à subir ces attaques de la direction, comme l’a montré jeudi la mobilisation des salariés de la RATP. Les directions des entreprises de transport cherchent à semer la terreur dans leurs entreprises. Pour combattre ces pressions sur le personnel et les divisions d’entreprise à entreprise, les travailleurs doivent s’unir autour d’un programme qui défend une entreprise de transport unique sous le contrôle des travailleurs et des usagers, pour une organisation du travail qui réponde au bien-être des employés.
Tout notre soutien aux victimes de cette violence sociale.