
Le ministre des Armées Sébastien Lecornu avant son déplacement à Lorient le lundi 7 novembre 2022 Ouest de la France sur le délai de protection.
Malgré les grands problèmes économiques, sanitaires et sociaux, la défense reste-t-elle la principale préoccupation ?
Les menaces contre la France et la sécurité des Français évoluent rapidement. Depuis plus de 20 ans, la lutte contre le terrorisme armé est une priorité de nos militaires. Désormais, on le voit dans la guerre en Ukraine, qui est revenue à haute intensité en Europe, nous exposant à de nouvelles menaces conventionnelles, parfois sous armes nucléaires ; Viennent ensuite les menaces hybrides, comme l’utilisation d’objets civils à des fins militaires : chantage à l’énergie, chantage aux denrées alimentaires, guerre de l’information, cybermenaces, etc.
Au fond, notre feuille de route est très simple : à mesure que les menaces augmentent et prennent des formes différentes, l’appareil de défense français – je n’utilise pas le mot « armée » car l’armée est l’acteur principal, mais pas le seul – doit pouvoir leur répondre. . nouvelles menaces. Par ailleurs, cette réforme historique de notre système de défense restera l’un des points forts du bilan du président de la République.
Une nouvelle loi de programmation militaire est en préparation. Quels sont vos espoirs pour l’armée française ?
Il y a une question importante d’autonomie stratégique. Nous confirmons actuellement le rôle d’un État-cadre de l’OTAN en Roumanie, c’est-à-dire qu’il appartient à la France de déployer une structure militaire à laquelle participent la Russie et nos alliés, dont la taille change en fonction de la menace. Peu de nations savent comment le faire, et peu le savent, donc cette mission de défense répulsive est un modèle de ce que devrait être notre format militaire. C’est l’un des points d’entrée de la prochaine LPM (loi de programmation militaire).
Ensuite, cette indépendance est liée à notre dissuasion nucléaire, que nous continuons à améliorer. Enfin, notre capacité à être plus indépendant dépend de la capacité de production et d’innovation de nos stocks d’équipements et d’armes, ainsi que de notre industrie de défense et de notre base technologique. Et ajoutons que notre indépendance répondra aux défis du cyber, de l’espace et de la guerre de l’information.
Faut-il s’attendre à une évolution du domaine naval pour surmonter les difficultés ?
Dans le passé, en plus des engagements navals traditionnels, la mer était utilisée pour des frappes au sol, débarquer des personnes ou frapper des cibles côtières avec des missiles. Aujourd’hui, la mer est un espace de conflits et participe à la mondialisation des menaces. Nous le voyons du fond de l’océan : sabotage du gazoduc Nordstream et de la sécurité des câbles de télécommunications.
On le voit aussi dans la stratégie de blocage des mers pour perturber le commerce mondial. C’est pourquoi nous devons nous adapter pour assurer notre indépendance. Cette nouvelle frégate, comme celle qui sera lancée lundi à Lorient, en est un exemple. Je vous rappelle que la France n’est pas un pays comme les autres. Grâce à notre territoire d’outre-mer, notre surface de mer est l’une des plus grandes au monde, et nous bordons l’océan Pacifique ! Notre marine devrait donc être de cette taille. De plus, il doit se moderniser avec des drones sous-marins spatiaux tout en conservant des outils opérationnels navals classiques. Les enjeux de la technologie de demain sont élevés.
Épaississement, gonflement, haute intensité… De quoi a-t-il besoin au quotidien ?
Premièrement : la masse est principalement basée sur la disponibilité des équipements dans la flotte. Avoir des hélicoptères c’est une chose, encore faut-il qu’ils soient capables de voler ! Pour la prochaine LPM, mais comme on le voit dans le projet de loi de finances 2023, une de mes priorités sera de renforcer les moyens alloués à la maintenance, l’accès aux pièces de rechange et l’amélioration de l’accès au carburant.
Deux : En France, nous avons une armée qui travaille, ce qui n’est pas le cas dans tous les pays. Historiquement, nos militaires ont mené de nombreuses opérations; Il est donc nécessaire de maintenir un haut niveau de formation pour être permanent.
Trois : ne rien manquer des activités de base et vitales. Par exemple, les services médicaux des armées, la restauration et la logistique ne doivent pas être en reste. Sans parler des balles. On voit en Ukraine que ces fonctions sont importantes en première ligne.
Comment combiner des nombres ? Vous avez plus de ressources ?
Sur la ressource nous sommes maintenant au milieu. Quelque chose que je n’aime pas; Je le dis à la fois en tant que ministre et en tant que réserviste. La réserve est une réserve de grands hommes qui n’ont parfois pas travaillé au bon niveau en France. Cependant, il y a des pays comme les États-Unis qui utilisent leurs ressources de manière plus efficace et plus efficiente.
Dans ces pays, les réservistes en uniforme ne sont pas différents de leurs homologues actifs. Une autre force de LPM sera de construire une nouvelle génération de ressources capables de répondre quand la Nation en a besoin. Mais capable de fournir aux militaires une expertise technique sur des questions complexes. Cela contribuera au renforcement de notre modèle militaire, qui doit intégrer les connaissances civiles pour faire face aux menaces hybrides.
Les ministres et les grands décideurs militaires sont-ils impliqués dans la préparation de l’Armée nationale ?
Pas le ministre d’un côté et les militaires de l’autre ! Les mêmes questions et défis existent non seulement pour les politiciens mais aussi pour les militaires. Le chef d’état-major général des armées participe à l’élaboration de cette loi. Selon la culture, on entend toutes les méthodes qui ne sont pas les mêmes entre l’armée et les officiers de génération en génération. Tout est riche. Par exemple, un équilibre doit être trouvé entre l’effort à faire dans les équipements existants des armées et les innovations de pointe et les sauts technologiques qui seront acceptés à l’avenir.
Et le Service National Universel… Où en est-on après le procès de cette année ?
Le président de la République en parlera la semaine prochaine. Au SNU, nous sommes dans une impasse car les phases de test sont terminées et nous devons maintenant porter des jugements sur notre avenir. Il est clair que l’UNS tel que nous le connaissons aujourd’hui est voué à évoluer. Sarah El-Khairy travaille sur un retour d’expérience complet, indispensable pour tirer des leçons qui serviront dans la prochaine version de l’UNS. Par exemple, la mixité sociale reste un défi : le SNU, comme le service militaire d’autrefois, doit être un catalyseur pour la république et la société.
Défensivement, l’opposition est-elle constructive ou gênante ?
Le vote des députés répondra à cette question. Mais je vois déjà une déconnexion entre les idées de campagne et ce qui se passe dans le demi-cycle. Pendant la campagne, le RN et LFI ont mis en doute la participation de la France à l’OTAN, ce qui a envoyé un signal extrêmement effrayant d’isolement stratégique à tous nos partenaires, les principaux Européens, ainsi qu’à nos concurrents. N’oublions pas que la France est un pays fondateur de l’OTAN. Si le général de Gaulle et le président Macron s’inscrivaient dans cette tradition, ils ont veillé à ce que nos libertés soient préservées dans ce cadre.
Pourtant, personne ne parle de cette question en hémicycle, et pour cause : ce n’est pas sérieux. Autre exemple : Jean-Luc Mélenchon a remis en cause le principe de dissuasion nucléaire existant pendant la campagne. L’élu TTB est muet à ce sujet. Quant au RN, il demande parfois une augmentation des emprunts déjà votés… Bref, je pense que l’opposition a du mal à faire savoir à Emmanuel Macron que le travail est fait. Il y a des silences très inconfortables ou des approches peu convaincantes de nos alliés. Difficile d’imaginer que leurs propositions électorales s’inscriront finalement dans un agenda d’affaiblissement de la France.