

Brassards “Bio en grève” lors de la grève des biologistes libéraux à Paris le 1er décembre 2022 (AFP/Christophe ARCHAMBAULT)
Un combat “d’avertissement” voire de “dernière chance pour sauver la médecine de terrain”: des milliers de médecins et biologistes libéraux ont fermé jeudi et vendredi leurs cabinets et laboratoires, certains pour réclamer des prix plus élevés, d’autres pour protester contre l’afflux des profits. .
“Je change de boulot partout, ça ne me donne pas envie de m’installer”, confie Julien Rogowski, 30 ans, médecin généraliste en Alsace.
“Je refuse des dizaines de patients par jour, c’est dégueulasse”, déplore Arnaud Saada, 39 ans, qui vit dans l’Essonne.
Ce “mouvement historique” a été initié par le jeune groupe Médecins de demain, et en quelques semaines il a réuni près de 15 000 membres Facebook, signe de la colère qui se répand parmi les 110 000 libéraux en exercice.
Le groupe a appelé les syndicats à sa cause, réclamant un doublement des honoraires de consultation (de 25 à 50 euros). Ils y voient un moyen d’influencer les négociations ouvertes pour un nouveau contrat avec l’assurance maladie au cours des cinq prochaines années.
– Cinquante euros –
Avec des manifestations dans les grandes villes, la pression descend dans la rue. A Toulouse, comme à Rennes et Marseille, environ 200 personnes se sont rassemblées. A Nantes, ils sont 450, et en Corse, un tiers des 300 médecins libéraux de l’île se déclarent grévistes.
Les organisateurs ont déclaré qu’il y avait “bien plus d’un millier” de personnes en blouse blanche devant le ministère de la Santé à Paris. Corinne Le Sauder, présidente de la fédération FMF, a déclaré au micro : “Donner un moyen à la médecine libérale, c’est sauver l’hôpital.”

Des milliers de médecins et biologistes libéraux ont fermé leurs hôpitaux et laboratoires jeudi et vendredi, certains pour exiger des prix plus élevés et d’autres pour éviter de perdre des bénéfices (AFP / JEFF PACHOUD)
“Une cinquantaine d’euros peut sembler fou, mais c’est proche de la moyenne européenne”, estime Jérôme Marty, membre du syndicat UFML, qui estime le prix du pourboire à environ 45 euros, soit une augmentation de “75% à 80%”. Doctors of Tomorrow a fermé lorsque le syndicat a répertorié “plus de 10 000”.
Rétrospectivement, les chiffres sont comparés, selon Thomas Fathom, qui s’attend à ce que les données sur la rémunération “au début de la semaine prochaine” “évaluent la réalité du déménagement”. Le patron de l’assurance maladie a demandé à l’AFP de “considérer sérieusement” les “conditions de travail” des médecins et les attentes salariales.
Mais il veut “répondre aux attentes de la population” en matière d’accès aux soins, alors qu’il entend “proposer des réformes” dans le cadre de l’accord. Or, doubler la consultation à 50 € coûterait 7 milliards d’euros à la Sécurité sociale, alors qu’en payant des forfaits différents aux médecins, ils perçoivent en moyenne 35 € par acte.

Une carte de France montre le pourcentage de médecins libéraux manquant dans les départements en pénurie par rapport au nombre actuel, et le nombre de médecins constaté par département, par rapport au nombre de médecins nécessaires pour atteindre la moyenne nationale (AFP / )
Les syndicats ont qualifié la hausse des prix de “choc attractif” pour la médecine urbaine, qui manque cruellement de personnel, alourdie par les tâches administratives, nuit aux soins et n’attire plus les jeunes.
“Si nous ne sommes pas écoutés, nous annoncerons une grève stricte et illimitée à partir du 26 décembre”, ont prévenu les médecins de demain.
– “Tête de mule” –
Le ministre de la Santé, François Browne, a répondu que “la porte est loin d’être fermée” et qu’il n’y a “rien de rédhibitoire” dans les tarifs “une fois que nous nous sommes engagés à ce que chacun de nos concitoyens ait un médecin” surtout les plus vulnérables” et “pour assurer la continuité des soins” les soirs et week-ends. en journée.
Les médecins ne sont pas seuls dans ce mouvement. Soulignant avoir réalisé des bénéfices records grâce aux tests Covid-19, les laboratoires de tests refusent de céder les 250 millions d’euros de déficit annuel du budget de la Sécurité sociale.

Des professionnels de santé manifestent devant le ministère de la Santé à Paris le 29 novembre 2022 (AFP / JULIEN DE ROSA)
“Cette planification entraînera la fermeture de laboratoires locaux”, a déclaré François Blanchecott (Association des biologistes) au nom de la profession qui compte 52.000 travailleurs, qui selon lui pourraient perdre 400 des 4.200 sites.
L’industrie, qui affirme que “90 à 95%” des laboratoires sont en grève, a proposé de “restituer” 685 millions d’euros sur quatre ans, soit “presque 80%” de ses bénéfices à partir de 2020.
Sa mobilisation durera trois jours au lieu de deux, dont samedi. “Si le gouvernement ne saisit pas l’occasion du dialogue, son entêtement nous obligera (…) à prendre des mesures plus graves et insupportables”, a menacé François Blanchecott.