

De toute évidence, la question du plafonnement des prix de l’essence empoisonne la vie des Européens. Depuis un an, et plus depuis le début de la guerre en Ukraine, les chefs d’État et de gouvernement en parlent pendant des heures lors de leurs réunions. Les services de la Commission y ont également perdu quelques nuits. Et quand, au final, l’exécutif communautaire fait une proposition, cela suscite tant de mécontentement que les Vingt-Sept prennent en otage d’autres textes qui leur seront pourtant bien utiles en ces temps d’inflation galopante et de crise économique.
Lors du Conseil des ministres européens de l’Energie, jeudi 24 novembre, ils ont décidé de ne pas adopter les deux propositions législatives d’urgence – destinées à entrer en vigueur dès le feu vert des Vingt-Sept – qui étaient à l’ordre du jour et qui sont néanmoins l’objet d’un compromis.
Le premier devrait permettre d’accélérer l’octroi des autorisations dans le secteur des énergies renouvelables. La seconde prévoit que les Européens adoptent un nouvel indice des prix du gaz, plus représentatif de la réalité du marché, pour qu’ils achètent du gaz ensemble et que, si l’un d’eux se retrouve sans, il puisse s’assurer que les partenaires le sien l’enverront .
“Nous ne rouvrirons pas les négociations sur ces deux textes”déclare Jozef Sikela, le ministre tchèque de l’Industrie, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne (UE). “L’accord” là, continua-t-il, mais ce sera “scellé” quand il y a un “consentement” du Vingt-sept concernant la limite maximale des prix du gaz. “On n’ouvre pas encore la bouteille de champagne, mais on la met au frigo”a-t-il conclu.
Remplissage obligatoire
Alors que les prix de l’énergie ont augmenté depuis le 24 février, ces mesures font partie des outils que les Européens ont identifiés pour les réduire, au même titre que la réduction de 15% de la consommation du gaz qu’ils ont déjà engagée, les négociations qu’ils mènent avec eux. La Norvège ou les États-Unis à ne pas payer un prix élevé pour le gaz qu’ils leur achètent, voire le remplissage obligatoire de leurs réserves de gaz.
Si les Européens les jugent utiles pour juguler l’inflation en quelques mois, la majorité d’entre eux se disent accompagnés d’un dispositif capable de faire sentir ses effets plus rapidement. Ils voient des usines fermer plutôt que de payer leurs factures d’énergie, voire investir ailleurs, là où l’énergie est moins chère. Dans ce contexte, une quinzaine d’Etats membres, dont la France, l’Italie, la Pologne et la Belgique, ont demandé en septembre un plafonnement des prix du gaz. Face à l’inertie de la Commission qui lui est hostile, certains d’entre eux, ces derniers jours, ont menacé de bloquer toute avancée sur d’autres dossiers énergétiques.
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