
« Je cherche désespérément des soudeurs. » Comme beaucoup d’autres secteurs d’activité, mais avec des conséquences encore plus importantes en pleine crise énergétique, l’industrie nucléaire compte aujourd’hui de nombreux emplois en tension, pour lesquels elle peine à recruter. Une situation doublement problématique, puisqu’EDF doit répondre aux besoins de son parc de centrales existant – affecté par des problèmes de corrosion – tout en menant, en parallèle, son projet de construction de six EPR neufs, dits “EPR2”, avec une option pour huit de plus. , selon la feuille de route présentée par le président Macron en février 2022.
Dans ce contexte, explique la compagnie nationale, le secteur souhaite recruter, durant la période 2023-2030, au moins 10 000 à 15 000 personnes par an, au lieu des 5 000 par an entre 2019 et 2022. “Un salarié sur deux qui travaillera dans le secteur en 2030 n’y travaille pas aujourd’hui, il y a donc un grand défi pour attirer, former, recruter et accélérer l’expérience et les compétences des nouveaux arrivants”a déclaré Alain Tranzer, délégué général à la qualité industrielle et aux compétences nucléaires d’EDF, lors d’une conférence de presse.
“Je crois qu’il n’y a pas d’autre grand secteur industriel qui a un plan de charge avec une charge aussi accrue dans les années à venir”, il ajouta. De son côté, le Groupement des industriels français de l’énergie nucléaire (Gifen) évoque 10 000 recrutements annuels. Cette dernière a mis en place un programme, “Match”, un outil qui vise à comparer les besoins et les ressources du secteur dans plus de 80 métiers, et dont les conclusions sont prévues en mars 2023.
Concernant les projets EPR2, le site de Penly (Seine-Maritime), destiné à construire la première paire de réacteurs neufs, pourrait représenter, s’il franchit les étapes du débat public et s’il obtient le feu vert parlementaire, 7 500 salariés à le pic de son activité, en 2029. « Si la décision [politique] pris rapidement, nous comptons sur la possibilité de démarrer les travaux préparatoires sur ce site mi-2024, pour une mise en service à l’horizon 2035-2037″a détaillé Gabriel Oblin, le chef de projet des réacteurs nucléaires EPR2.