Le cacao est-il en surproduction?

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La semaine dernière, un Congrès mondial du cacao s’est tenu à Montpellier. Il était dédié aux nouvelles avancées agronomiques, mais aussi aux solutions qui pourraient permettre aux cinq millions de producteurs de vivre de leur travail, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Alors y a-t-il surproduction ou spéculation ? Les participants à ce congrès se sont interrogés sur cette situation.

Les producteurs ne comprennent pas, ils ne comprennent pas le prix… Malgré ce qu’ils gagnent, on peut dire qu’ils n’arrivent pas à suivre. Ils font d’autres choses à côté, mais c’est vraiment difficile pour eux. »

Thomas Zongo, président d’une coopérative ivoirienne, ne cache pas son désarroi. Le prix du cacao cette année est inférieur de 10 % à celui de l’année dernière, alors que l’inflation augmente. Cependant, un accord historique a été conclu en 2019 dans lequel les géants du chocolat ont promis de les payer ” différentiel de revenu décent “, soit 400 dollars la tonne achetée. Une réduction qui dure depuis de nombreuses années, et qui a de lourdes conséquences pour le secteur.

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Le plus important est le manque de revenus décents pour la majorité des producteurs de cacao, insiste Martijn ten Hoopen, correspondant cacao du Cirad, principal organisme de recherche sur cette production. Nous avons eu une augmentation de la demande, accompagnée d’une augmentation de l’offre, malheureusement obtenue d’une augmentation de la surface qui est liée à l’autre problème de la production de cacao : la déforestation. »

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La superficie plantée en cacao dans le monde est en effet passée depuis les années 1960 de quatre à douze millions d’hectares. La surproduction temporaire peut donc être un facteur explicatif de la baisse des prix, mais pas seulement. ” Dès qu’on a un petit excédent de production, les prix baissent, souligne Michel Arrion, directeur de l’Organisation internationale du cacao. Mais l’année dernière, avec un déficit de 300 000 tonnes, nous n’avons pas constaté d’augmentation des prix. Cette explication ne fonctionne donc que dans un sens. »

La spéculation sur les bourses de Londres et de New York, où sont fixés les cours mondiaux du cacao, se porte en revanche très bien. ” Presque chaque semaine, nous achetons ou vendons la totalité de la production annuelle ! Donc une activité très importante d’achat et de vente de cacao papier, c’est-à-dire des contrats de trois, six ou neuf mois, mais qui ne se concrétisent presque jamais en livraison physique », poursuit Michel Arrion.

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L’Organisation Internationale du Cacao a donc décidé à l’issue de ce congrès de Montpellier de se pencher sur le projet d’une bourse qui serait basée en Afrique, et dont les transactions porteraient sur de vrais biens physiques, pour redonner un peu plus de pouvoir aux pays producteurs.

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