

Souffrant de l’inflation et confronté à une baisse de la demande, le bio est boosté. Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a annoncé mardi 6 décembre des moyens financiers supplémentaires pour l’Agence bio, chargée du développement, de la promotion et de la structuration de l’agriculture biologique française. “Cette filière, comme d’autres, traverse une crise, et il n’est pas question de supprimer et d’abandonner l’objectif de 18% de la surface agricole française en bio d’ici 2027”a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) le ministre, à l’occasion des Assises de l’agriculture et de l’alimentation biologiques.
Devant les acteurs de la filière, il a annoncé le versement en 2023 de 5 millions d’euros supplémentaires au Fonds Avenir Bio, géré par l’Agence bio et destiné à aider les producteurs à investir et valoriser leurs productions, notamment “les critères vont changer pour qu’ils puissent financer plus de projets”et une contribution de l’Etat de 750 000 euros à l’Agence bio pour le déploiement d’une nouvelle campagne de communication.
Les moyens supplémentaires alloués à bio Agence visent à mener des études jusqu’à la fin de l’année où elles auront “une compréhension plus fine de la crise, et notamment des raisons de la baisse de la demande”et de réfléchir à des scénarios de consommation bio jusqu’en 2040, a déclaré M. Fesneau. “L’augmentation de la demande bio passe aussi par les commandes publiques. Aujourd’hui, nous sommes à 6% de commandes bio en restauration collective. Nous avons un travail à faire là-dessus avec les communautés locales.notamment pour augmenter la part de l’alimentation bio dans les cantines, a précisé le ministre.
5% de baisse des ventes sur un an
Avec les 5 millions d’euros annoncés par le ministre, le Fonds Avenir Bio sera doté d’un total de 13 millions d’euros, auxquels s’ajouteront “Il reste 2 millions d’euros du plan de relance”. Ces fonds supplémentaires devraient permettre d’engager une réflexion sur la structuration des filières, comme la filière porc bio, qui traverse actuellement une crise de demande particulièrement aiguë.
Tout en saluant l’engagement de l’Etat, le président de la Fédération nationale de l’agriculture biologique, Philippe Camburet, a regretté que le ministre n’ait pas annoncé “pas d’aide directe aux producteurs”. “Tout cet argent, qui sera utile pour la communication sur la filière, n’aidera pas les agriculteurs en difficulté. C’est la première fois que nous sommes confrontés à une telle crise et c’est la première fois que nous demandons une aide directe, comme c’est le cas pour d’autres secteurs.a-t-il dit, évoquant par exemple le soutien massif de l’Etat à la filière porc conventionnelle, structurellement déficitaire.
Après dix ans de croissance à deux chiffres, le marché bio a été durement touché par l’inflation, les consommateurs se rabattant sur des produits moins chers. Selon la société d’analyse de données sur les consommateurs IRI, le chiffre d’affaires du secteur biologique diminuera pour la deuxième année consécutive. A fin octobre 2022, la baisse des ventes sur un an s’élève à près de 5%. Actuellement, la France compte 56 000 exploitations bio, soit 10,3 % de la surface agricole utile.