les dangers d’une économie sous perfusion depuis la crise Covid

Le procureur de la République Etienne Manteaux a voulu « jeter un pavé dans la mare » en alertant sur les conséquences de l’arrêt des missions de l’Urssaf de la crise du Covid sur la santé économique des entreprises. La directrice des Urssaf de Franche-Comté, Anne Barralis, estime que « cet accompagnement a permis aux entreprises de réussir. »

Normalement, la rentrée solennelle du tribunal de commerce de Besançon est plutôt silencieuse. Mais après le protocole, les chiffres donnés par Pierre-André Dubreuil, le président de ce tribunal chargé de juger les entreprises en faillite, donnent une image exacte de la santé économique d’un territoire, en l’occurrence – le cas des entreprises du Doubs en dehors du pays de Montbéliard. Mais la crise du Covid a tout chamboulé. Le tableau est flou et cela inquiète les différents acteurs des entreprises en difficulté.

En mars 2020, le Covid paralyse la France. Pour aider les entreprises à surmonter l’arrêt brutal de leur activité, le gouvernement demande aux directions des Urssaf d’arrêter toutes les actions de redressement. En général, les cotisations Urssaf représentent 25 % des charges d’une entreprise. Arrêter ne veut pas dire éliminer. Vous devez payer un jour.

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Une bonne bouffée d’air frais pour les entreprises, mais près de trois ans plus tard, le procureur de la République, qui représente les intérêts de la société, a voulu mettre en lumière les effets de cette dette sociale qui gonfle comme une boule de neige en train de se rouler sur elle-même. “Bombe à retardement” prévient Etienne Manteaux.

Le directeur de l’Urssaf ne partage pas cet avis. “Ce gel de la cotisation a permis de maintenir les emplois et l’activité économique. Fin 2022, on retrouvait le même nombre d’emplois salariés qu’en 2019”, précise Anne Barralis.

En 2021, un an après le gel total de ses cotisations, l’Urssaf propose aux entreprises et aux indépendants une cotisation répartie. Sur les 25 500 employeurs de Franche-Comté, 7 160 bénéficient d’un plan d’agrément. Ces entreprises peuvent étaler leurs versements à l’Urssaf sur une période de trois ans. Cela représente 78,87 millions d’euros.

Pour les 58 000 indépendants de Franche-Comté, il existait 24 620 plans d’étalement du paiement des cotisations Urssaf, soit 158,18 millions d’euros.

En Franche-Comté, l’Urssaf calcule que près de 70 % des montants de ces plans d’agrément ont été régularisés. 30 % sont récupérés.

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Le démembrement de ces versements ne rassure pas le procureur de la République. Non seulement l’Urssaf, à la demande du gouvernement, retarde ses échéances de paiement, mais elle a également arrêté les procédures judiciaires pour récupérer les sommes dues.

Pour Etienne Manteaux, en n’adressant plus d’assignation au tribunal de commerce, l’Urssaf prive le tribunal d’un signal d’alarme qui, jusqu’à présent, pouvait lui permettre d’éviter d’ordonner la liquidation des sociétés.

Prévenus suffisamment tôt, les juges peuvent aider l’entreprise à s’en sortir. L’Urssaf est le seul créancier public qui saisit le tribunal de commerce. D’où la proposition un peu provocatrice du procureur de reprendre l’Urssaf pour les affectations.

Les chefs d’entreprise français ont tendance à se déclarer insolvables trop tard. Cependant, cette procédure permet d’étaler les dettes et donc de sauver les entreprises. Sur les 160 procédures collectives en 2022, 115 se sont soldées par une liquidation judiciaire.

Autre effet de l’arrêt des missions Urssaf, le “champ ouvert” est laissé entre les mains d’entreprises peu scrupuleuses qui en profitent pour éviter de payer leurs cotisations. “Cela peut être assimilé à de la concurrence déloyale” dit le procureur de la République. Les chefs d’entreprise ont prévenu, les concurrents en ne payant pas leurs cotisations avaient des rémunérations bien inférieures à eux. “ Comportement à la marge » selon le directeur régional de l’Urssaf.

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Dès l’été 2022, l’Urssaf a commencé à référer des mesures de recouvrement de créances, allant du contact amical à la convocation. Étapes établies par une réglementation spécifique. Les cessions devant le tribunal de commerce n’auront lieu qu’en mars 2023. Actuellement, en Franche-Comté, 1 570 entreprises ont reçu le dernier avis de paiement avant injonction d’huissier.

Le portrait de la santé économique de notre région devrait se préciser au cours des prochains mois. Les 160 procédures collectives de 2022 ne reflètent pas l’activité habituelle du tribunal de commerce de Besançon. En 2009, ils étaient 313, et en 2019, année de référence avant le Covid, 224. Greffiers, magistrats bénévoles, huissiers et autres professionnels des tribunaux de commerce s’attendent à une année particulièrement chargée en -2023.

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