l’Europe court derrière la Chine et les Etats-Unis

Des postiers américains au centre de tri et de distribution de Los Angeles (Californie), le 30 novembre 2022.

“Si nous ne réagissons pas, l’industrie européenne sera dévorée. » Dans les milieux bruxellois comme dans les quartiers des usines françaises, allemandes ou italiennes, la même inquiétude se pose à propos de l’Inflation Reduction Act (IRA) adopté par les Etats-Unis. Soit un paquet de 370 milliards de dollars (352 milliards d’euros) de subventions et de crédits d’impôts réservés aux industries écologiques américaines, et qui renforceront considérablement leur compétitivité. “Il s’agit de protectionnismerésume Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur, dans une interview à Journal du dimanche du 4 décembre. Le risque est d’attirer des pans de notre industrie aux États-Unis, voire des investissements stratégiques que des entreprises de pays tiers envisageaient de faire en Europe. »

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Une perspective d’autant plus inquiétante que depuis cinq ans, le Vieux Continent était déjà loin devant les Etats-Unis – et plus encore l’Asie – en termes d’investissements industriels. Publié lundi 12 décembre par le cabinet d’études Trendeo, l’Institut de la réindustrialisation, McKinsey et le groupe d’ingénierie Fives, le “Baromètre mondial des investissements industriels 2022” dévoile une batterie d’indicateurs qui confirment ce constat vertigineux. “L’attitude volontariste des Etats-Unis en matière industrielle a eu des effets très nets : la part américaine des investissements mondiaux est passée de 20% à 30% entre 2019 et 2022”, explique David Cousquer, de Trendeo. Celle de l’Europe est restée stable, autour de 13%, tandis que celle de l’Asie a légèrement diminué pendant le Covid-19 mais est toujours de loin en haut du podium, avec un peu plus de 50%.

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“Ce retard européen se confirme quand on regarde le détail des principales filières technologiques”, ajoute Gwenaël Guillemot, directeur de l’Institut pour la réindustrialisation – association créée par deux écoles d’ingénieurs et deux fédérations professionnelles. Exemple : entre 2016 et 2022, l’Europe n’a capté que 7 % des investissements mondiaux dans les semi-conducteurs, soit 59 milliards de dollars (56 milliards d’euros). L’Amérique du Nord en a reçu 30 % (248 milliards de dollars) et l’Asie 63 % (533 milliards de dollars).

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Le baromètre révèle également un classement des sommes investies par les principales sociétés de semi-conducteurs au cours de la même période : le sud-coréen SK Inc. ils arrivent en tête (138 milliards de dollars), suivis des Américains d’Intel (135 milliards) et des Taïwanais de TSMC (111 milliards). Aucun Européen n’apparaît dans le top dix.

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