Maxime Thébault, le corps en scène

Maxime Thébault

Photo de Nicolas Nalet

Formé à l’École du TNB, le joueur s’est illustré cette année Clinique par Julie Duclos et Outremonde, le chapitre endormi par Théo Mercier. Rencontre avec un jeune homme qui, s’il n’était pas prédestiné au théâtre, a su s’y préparer pleinement.

Ce soir-là, au Théâtre National de Bretagne (TNB), Maxime Thébault se glisse dans la peau de Markus. Ce jeune schizophrène occupe une place importante dans la galerie mentale dans le problème de cette Clinique par Lars Noren. C’est calme mais c’est partout, sur le bord et au milieu, ça s’impose comme un édifice psychologique important qui menace de s’effondrer à tout moment. Sans lignes, ce travail est beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît, et il faut suivre les objectifs soigneusement écrits par l’auteur suédois dans son guide. ” Marcus […] il parle de la grande solitude qui s’est écrasée sur les rochers et qui, il n’y a pas longtemps, a recueilli sa douleur en pleurant, il dit. Il appuie son front contre le front d’une personne invisible et chuchote à cette personne, comme s’il s’agissait d’une oreille invisible. »

A cet homme qu’il aime regarder “une autre version” lui-même, Maxime Thébault donne une présence extraordinaire, magnétique, brillante dans le noir, jusqu’au dernier tableau où, laissé seul sur scène, “jeil explose en d’innombrables petits morceaux qui se dispersent dans la pièce, comme du verre très fin sous haute pression. “, explique Noren. Cette ultime séparation, rehaussée par la performance de Julie Duclos, évoque une haleine qui laisse inquiet, inquiet, choqué, et vous révèle la force de la performance de l’acteur qui, à 24 ans et peu familier, même surprend son monde avec la façon dont il manipule son corps, utilise “chute des épaules” et “il a haussé un sourcil”patiemment ajusté devant le verre, pour ouvrir les portes de l’intérieur de l’univers.

Théâtre et orchestre

Il est également utilisé en interne Outremonde, le chapitre endormi de Théo Mercier où, parmi les sculptures de sable, il campait habilement homme-animal, aussi protecteur que fidèle à son enfant maître, cette sensation physique n’est rien née chez Maxime Thébault, mais elle lui a été révélée lors de son École TNB. Contrairement à beaucoup de ses amis de la promotion 10, il n’avait jamais rêvé de rejoindre la célèbre équipe bretonne qui s’impose, année après année, comme l’une des meilleures de France. Originaire de Plérin, petite commune des Côtes d’Armor proche de Saint-Brieuc, le jeune homme est venu au théâtre avec un orchestre, pour ne pas dire par hasard. “Pas à l’école”il s’oriente d’abord vers le bac technique Agronomie et Sciences et Technologies du Vivant (STAV) au lycée horticole de Saint-Ilan, puis se dirige vers le BTS technico-commercial où, grâce au module irrésistible, il croise la route de compétences extraordinaires. « Plus tard, plus tard, il se souvient. J’ai trouvé Pagnol, Rimbaud, et je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de choses là-dedans. »

Alors qu’il le voit jouer avec succès devant 200 spectateurs dans une pièce destinée aux jeunes, son équipe le pousse “faire quelque chose avec le théâtre”. Le futur joueur pense d’abord à l’université, puis aux conservatoires, avant de rencontrer le concours de recrutement de l’École du TNB, qui vient d’être renouvelé par le directeur de l’architecture, Arthur Nauzyciel, afin d’attirer davantage de profils différents. . “Compte tenu de mon parcours, il n’y a probablement que cette théorie qui peut m’ouvrir ses portes, notamment à cause de votre propre contenu dans le dossier de candidature qui vous invite à ouvrir plus qu’un dossier traditionnel.”, assure Maxime Thébault. Face à ce virage à 180 degrés, sa famille, que le jeune homme avait montrée à travers une photo du dossier de candidature, le soutient, sans cacher sa surprise ni sa fierté, “même s’ils ont vu que je ne savais pas vraiment ce qu’était l’école”il rit aujourd’hui.

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De l’hésitation à la libération

Ses premiers pas au sein de l’institution rennaise sont logiquement hésitants, étudiant comédien, à la personnalité timide et réservée, il s’excuse un peu d’être là, “mais je me suis vite rendu compte que c’était bien de ne pas savoir les choses car, contrairement à d’autres, je n’avais pas de préjugés sur les articles et les dirigeants.”, il montre. Bientôt, le monde de la culture ne manquera pas de s’ouvrir à lui. Le jeune homme a connu ses premiers symptômes, dont les meilleurs Jan Karski (Mon nom est un mythe) et Arthur Nauzyciel, qui mange ses premiers films en dehors des blockbusters américains, Frontière d’Ali Abbasi à velours bleu de David Lynch à la religion ET et Steven Spielberg, et fait face à une tâche ardue. “L’entrée à l’école a changé mon rapport à la vie et mon rapport au temps, il explique. Avec la montagne de travail à affronter, surtout la première année, toute séparation entre vie quotidienne et travail devenait impossible. » Sous le regard étonné de sa sœur, qui habite avec lui, Maxime Thébault se met à parler tout seul dans la cuisine, à parler de ces textes qu’il doit apprendre, et avec le temps il voit son souci des autres changer. “Je suis devenu plus sensible aux gens et je crois que je comprends mieux ce qu’ils veulent me dire, il dit. Au début, je me souviens que je ne pouvais pas jouer avec les autres. Et maintenant, avec le temps, j’ai compris que l’attention des autres permet d’ouvrir quelque chose en soi, que c’est lui le spécial. »

Formé par Arthur Nauzyciel et le comédien Laurent Poitrenaux, responsable pédagogique associé à l’École, le comédien a rencontré plusieurs réalisateurs célèbres durant les trois années de formation, dont Gisèle Vienne qui l’a marqué plus que d’autres. “Grâce à lui, j’ai réalisé que nous pouvions parler de choses très difficiles, mais que le travail pouvait se faire, en même temps, avec beaucoup de douceur et de conversation, il se demande. Aujourd’hui, j’ai eu du mal à croire qu’on puisse surmonter quelque chose de douloureux. » Chemin faisant, Maxime Thébault a aussi rencontré, comme tous les étudiants français, cette période de confinement où tout s’est brutalement arrêté, où les cours se sont transformés en séances sur Zoom, où la vie du groupe a dû être reconsidérée. Loin d’être vaincu, le jeune homme transforme cette période de sursis en un temps de planification. Il s’en est servi pour prendre du recul sur lui-même, mais aussi pour se lancer dans l’écriture, notamment la poésie. Comment se libérer davantage.

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Prudence des Sioux

Selon différents “les spectacles de divertissement dans la vie professionnelle”, comme il faut les appeler désormais, l’acteur se met dans le travail du monde et l’esthétique aux antipodes. Il joue également, mis en scène par Madeleine Louarn (Opérette), Phia Ménard (Fiction de friction), Pascal Rambert (Ils rêvent) ou Mohamed El Khatib (Mes parents), et il se prépare progressivement, en réponse à cette “les artistes ont des idées très fortes”, au monde après l’école. Invité par Steven Cohen, il a déjà créé, à l’intérieur De l’extérieur vers l’intérieursa forme, Petit garçonproche de l’action et disponible “dans le mélange de la transe, des choses diverses et de la sensualité la puissance du corps qui, placé sous les obstacles, peut se manifester comme l’intellect”. Inspiré et nourri par ces nombreux événements, Maxime Thébault ne connaît pas aujourd’hui, et contrairement à de nombreux jeunes artistes qui sont touchés par les embouteillages post-Covid, il n’y a pas de problème d’intégration artistique, comme le montrent ses oeuvres. Clinique par Julie Duclos, Autres pays, Chasseurs de rêves et Outremonde, le chapitre endormi de Théo Mercier, mais aussi dans le film d’Olivier Abbou, Jeux de dronesqui sortira dans les prochains mois sur la plateforme Amazon Prime.

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Quand on lui parle d’avenir, l’acteur, avec une rare pudeur, pense à lui “chanceux”, montre l’avertissement des Sioux. Vous savez très bien que du théâtre au cinéma en passant par la mise en scène, il ne peut pas être partout, il ne ferme aucune porte artistique en ce moment, et c’est tout. Il est déjà impliqué dans deux nouveaux projets de théâtre alors qu’il ne veut pas dire un mot, il aimerait, de même, pouvoir donner de l’autonomie au spectacle qu’il avait créé dans le cadre de son travail avec Steven Cohen. L’histoire, toujours là, les promesses, “dans la phase d’apprentissage où tout semble possible”d’avoir plusieurs cordes à l’arc, et donc pour une personne d’atteindre son but facilement.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Les lauréats 2022 de Vincent Bouquet

Meilleur spectacle de théâtre : Il faisait sombre par Emmanuel Meirieu

Meilleur spectacle étranger : One Song – Histoire(s) du Théâtre IV et Miet Warlop

Meilleur réalisateur : Séverine Chavrier pour Ils nous ont oublié

Meilleur acteur: Maxime Thébault à l’intérieur Clinique par Julie Duclos et Outremonde, le chapitre endormi par Théo Mercier

Meilleure actrice: Marie-Christine Barrault à l’intérieur Mort dans la famille par Alexandre Zeldin

Meilleur scénographe : Hervé Cherblanc de Je vous écoute par Mathilde Delahaye

Meilleur auteur : Lucy Kirkwood pour Lieu et Enfants (Editeur L’Arche)

Révélation: Eddy D’Aranjo pour Après Jean-Luc Godard / Je me suis laissé envahir par le Vietnam

Mention spéciale au Combat de nègres et de chiens de Kobari et Une autre histoire de sport et Fanny de Chaillé

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