
“A ma grande honte, quand j’ai vécu à Nancy pendant vingt ans, même en y étudiant, je ne savais pas qu’il y avait ici un cas Rodin. “Laissez Marie-Sylvie se reposer, ce n’est pas la seule Nancy dans ce cas.
L’une des œuvres majeures du grand sculpteur trône à Nancy, au cœur du parc Pepignier… à l’insu de la plupart de ses habitants. Peut-être qu’une lueur de restauration aidera à restaurer sa popularité ainsi que son aura.
Appelez-le Claude.
Mardi a en effet salué la fin d’une opération d’héritage plutôt symbolique. Ce projet a permis de redonner une belle “cohérence” au mur de bronze trônant au-dessus, tandis que le soubassement en pierre sculptée semble avoir littéralement pris vie.
Double action pour “doubler le travail intéressant”, comme le note Dennis Schaming, représentant régional adjoint de la Fondation du patrimoine. “Parce qu’il réunit deux artistes exceptionnels. A commencer par le sujet, l’artiste Claude Gelat, dit Le Lorraine, à qui le monument est dédié. « Et que les Anglo-Saxons appellent simplement Claude, tant il est familier. »
Sentiment d’incomplétude
Quant au sculpteur, il a non seulement eu le tact d’offrir son talent à Nancy, mais aussi d’y attiser la polémique. “Par rapport aux monuments dédiés à Calot, Drouet ou Emmanuel Herere, l’ouvrage dédié à Guele, inauguré en 1892, rompait complètement avec le milieu universitaire”, rappelle Richard Dagorn, directeur des Nancy-Musées. “Ou juste pour bercer la silhouette”, tournée vers l’est, palette à la main, pour capter les premiers rayons du soleil. Mais plus encore pour le socle de pierre où triomphe Apollon dans son char tiré par des chevaux dont la flamboyance confine à la sauvagerie.
“Cette base, le nettoyage a pu mieux révéler ses contours”, explique Florence Godinot, l’une des expertes invitées à exploiter le monument. “Cela donne aussi l’impression que la sculpture est inachevée, mais c’est ce que Rodin pense de la sculpture. »
Danger vert
Le calcaire d’Euville, commune mosane, a particulièrement souffert de l’environnement industriel qui l’accueillait à l’origine. Flatteur pour le spectacle, mais propice à la propagation des lichens, mousses et algues, que les restaurateurs ont dû éliminer en favorisant le nettoyage à sec. Cependant, le regret demeure que nous n’ayons pas pu enlever complètement le plâtre vert placé contre l’ancienne restauration qui reproduisait les coulures de bronze.
Il n’en reste pas moins que la sculpture ainsi traitée retrouve une qualité merveilleuse que nous ne connaissions plus. Il est certainement redevable à ceux qui ont agi à son chevet, mais aussi à tous les mécènes, à commencer par la Fondation du Patrimoine, qui a lancé une souscription, mais aussi aux entreprises et à quelques donateurs privés. Dont Marie-Sylvie, qui compense ainsi son « ignorance » tout en pouvant déclarer sa « fierté » et sa « fierté ». Car, après tout, Rodin vaut…