
On se souvient des propos de Xavier Bertrand lors de la dernière campagne présidentielle : alors candidat à l’investiture LR, il proposait de « diviser par deux l’immigration des étudiants qui viennent en France », insinuant que cette dernière pèserait sur les finances de notre pays. Une idée mise à mal par une étude* de Campus France (agence nationale chargée de la promotion de l’enseignement supérieur français à l’étranger) rendue publique lundi.
Selon celle-ci, les étudiants étrangers rapportent chaque année 5 milliards d’euros à l’économie française, tandis que les dépenses publiques pour les accueillir s’élèvent à 3,7 milliards. “Cela se traduit par un apport économique net de 1,3 milliard d’euros par an”, révèle Olivier Marichalar, responsable du pôle études de Campus France.
Contribution économique directe très élevée
Si les étudiants internationaux génèrent beaucoup de revenus, c’est d’abord parce qu’ils dépensent en moyenne 867 euros par mois pour le logement, la nourriture, les vêtements, les sorties… Et ils déboursent en moyenne 2 822 euros pour l’enseignement**. Avec de grosses différences : les étudiants de l’école de commerce paient en moyenne 10 700 euros par an, ceux de l’école d’art 4 000, et ceux de l’université 1 100.
Le fait que 48 % des étudiants étrangers travaillent pendant leur séjour, afin de financer leurs études, génère également des cotisations sociales (un gain de 375 millions d’euros pour la France). ils dépensent aussi pour voyager (ce qui rapporte 461 millions d’euros par an), pour se former en français (73 millions d’euros) et pour financer leurs visas ou titres de séjour (35 millions).
Avantages économiques même à long terme
De plus, il n’y a pas que la présence d’étudiants étrangers sur nos terres qui nous rapporte de l’argent. Parce que cela implique la visite de leur famille ou de leurs amis. L’enquête montre que 38% des personnes interrogées ont reçu la visite de proches, pendant 23 jours en moyenne en France. “Et encore une fois, l’impact économique des proches a diminué pendant la pandémie, car de nombreux projets de voyage ont été reportés”, note Olivier Marichalar. Les recettes du tourisme français auraient pu atteindre 628 millions d’euros au cours de l’année, et n’étaient que de 392 millions.
Et comme nombre d’entre eux garderont un bon souvenir de leur séjour en France, il y a fort à parier qu’ils voudront revenir consommer à nouveau. De plus, 88% de ceux qui ont répondu à l’étude expriment leur désir de revenir cette fois en tant que touriste, et 80% souhaitent continuer à consommer des produits alimentaires français. Difficile de se passer du camembert une fois qu’on y a goûté.
Un objectif de 500 000 étudiants étrangers pour 2027
A l’opposé de l’échelle, les dépenses publiques pour les accueillir, si elles ne sont pas minces, restent donc bien en deçà des revenus. Les dépenses d’éducation s’élèvent à 3,1 milliards d’euros, auxquelles s’ajoutent 247,2 millions d’euros de dépenses de sécurité sociale, 206,6 millions d’euros d’aides au logement, 86,9 millions d’euros de coût des services de l’Etat destinés à leur séjour (financement de Campus France et des services diplomatiques) , et 53 millions d’euros de subventions du gouvernement français.
L’impact économique des étudiants internationaux serait-il si positif que nous cherchions à en attirer encore plus ? “La capture de leurs ressources ne peut pas être ce qui motive le commerce international. C’est un argument de plus », explique Donatienne Hissard, la directrice générale de Campus France. Le gouvernement a aussi de grandes ambitions dans ce domaine, puisqu’il vise 500 000 étudiants étrangers sur notre sol en 2027. “Un objectif réaliste”, selon Donatienne Hissard. D’autant que leur nombre augmentait rapidement l’an dernier : + 8 % en 2021-2022 par rapport à l’année précédente. “Nous avons franchi la barre des 400 000”, se réjouit le directeur général de Campus France.