
Publié le 7 novembre 2022, 7:36
Les habitants de la petite ville de Morez, située à 700 mètres d’altitude dans le Jura, vont devoir donner des muscles du mollet. Laurent Petit, leur Maire depuis 2014, a décidé de les mettre au vélo. “Nous proposerons des vélos électriques à la location. L’idée a été bien accueillie », assure l’édile, tout en se confiant qu’il s’est remis à l’exercice. “Ce projet coûtera à la commune 3 millions d’euros, étalés sur dix ans. Et pour ceux qui préfèrent acheter leur propre vélo électrique, la ville va doubler la subvention accordée par l’Etat, la portant à un total de 400 euros.
En matière d’économie d’énergie, l’élu n’en est pas à son coup d’essai. Il avait déjà abandonné des bâtiments publics utilisant le gaz pour les convertir au bois. Les logements HLM, l’école et la gendarmerie travaillent désormais avec le hêtre. « Nous sommes entourés de 800 hectares de bois communaux. C’était absurde de ne pas les utiliser”, argumente-t-il.
Avant de basculer Morez dans la sobriété, le maire était allé puiser des idées dans les Rencontres nationales des TEPOS (Territoires à énergie positive). Avec l’aide de l’Ademe, il engage alors un ingénieur pour appliquer ces idées.
Centrale photovoltaïque flottante
Une démarche approuvée par Pascal Berteaud, directeur général du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), organisme public créé en 2014, qui a accompagné plus de 300 territoires vers la transition énergétique. “Les collectivités ont intérêt à s’unir pour réduire les coûts d’accompagnement”, conseille-t-il, “mais on ne peut pas donner aveuglément des solutions d’une région à l’autre. Elles varient selon l’environnement, la culture locale et les habitudes des gens. Il faut que les actions soient bien ciblées si l’on veut que les changements soient acceptés, et que des ateliers soient organisés avec la population.
A Peyrolles-en-Provence, petite commune de 5 600 habitants située à un souffle de vent de la montagne Sainte-Victoire, le maire Olivier Frégeac s’est surtout appuyé sur son bon sens et celui de ses conseillers pour convertir l’éclairage public à la LED ou investir dans l’électricité. voitures. “Pour revoir l’isolation du bâtiment, nous avons été conseillés par un économiseur de flux, envoyé par l’association CPIE Atelier de l’environnement du Pays d’Aix”, précise l’élu.
Mieux : depuis décembre 2021, la ville accueille une centrale photovoltaïque flottante sur une ancienne barrière remplie d’eau. Il produit assez pour approvisionner 6 400 foyers. “On a touché 200 000 euros lors de la mise en service, et on a touché 70 000 euros par an pour la location du site”, lance Olivier Frégeac. « C’est important pour la communauté. »
Petits gestes pour grandes économies
Concernant les collectivités qui n’ont encore rien envisagé, Pascal Berteaud rappelle qu’aucun policier dédié ne viendra les rappeler à l’ordre. « Mais la vraie confusion est celle du coût croissant de l’énergie ! Ce sera difficile pour eux”, prévient-il.
Un problème auquel les entreprises sont tout aussi confrontées. Certains ont pris le taureau par les cornes. François Guérin est PDG du Cetih, une ETI de menuiserie industrielle en Loire-Atlantique qui compte 1 600 personnes dans sept bâtiments. Il s’est attaqué au sujet il y a quinze ans et s’appuie sur le bureau d’études privé Akajoule pour faire des bilans réguliers. “Nous avons fait beaucoup de petites actions pour de grosses économies”, résume le dirigeant. « Entre 2009 et 2019, nous avons réduit notre consommation d’énergie de 15 %. L’objectif 2020-2030 est d’atteindre -50%, en produisant un quart de notre électricité avec l’installation de panneaux photovoltaïques. »
Au registre des mesures, l’entrepreneur mentionne la détection des fuites d’air comprimé, l’installation de sas en bas des volets roulants dans les entrepôts, la limitation du temps de charge des chariots électriques, l’isolation des bâtiments ou encore la récupération de chaleur des machines à ateliers chaleur.
Un exemple d’économie circulaire
Cette dernière idée, Nicolas Ducrot, directeur de la société Corrèze Tegulys, l’a également adoptée. Sa tuilerie d’une trentaine d’employés utilise cinq fours dont la température monte à 1 000 degrés. Ses factures de gaz s’élèvent à plusieurs centaines de milliers d’euros. En 2019, avec Eco-Tech Ceram, entreprise spécialisée dans les solutions de réduction de la consommation d’énergie industrielle, il installe un système de récupération de chaleur perdue. Cela lui permet de sécher ses tuiles avant de les cuire.
“J’économise 22% sur ma facture”, exulte Nicolas Ducrot. J’ai également utilisé le diagnostic Diag Eco-Flux de l’Ademe. Nous mettons des LED et des systèmes de contrôle partout. Tous les flux de l’usine sont maîtrisés. Le grand-père de Nicolas Ducrot exerçait le même métier. Au moment du premier choc pétrolier, il avait inventé un système pour récupérer les fumées de ses fournaises au fioul, qu’il renvoyait dans une poubelle réfractaire pour sécher ensuite ses tuiles… Circulaire de l’économie avant l’heure !