
Mardi matin, Fabrice Amedeo posera le pied aux Açores sur l’île de São Miguel, là même où Marcel Sardan a perdu la vie dans un accident d’avion en 1949. Amedeo est bel et bien vivant. Mais il vient de loin. de loin.
Mais l’important, c’est qu’il soit là pour raconter l’histoire. Malgré la douleur d’avoir perdu son bateau, Fabrice Amedeo a réussi à relativiser quelques heures après son accident. “La mort ne voulait pas de moi aujourd’hui, ou la vie ne voulait pas que je la quitte. Je suis dévasté mais le plus heureux des hommes car ce soir ma femme et mes filles ne vont pas se coucher en pleurant.“, il admit.
Le chemin vers la jante
Amedeo est sain et sauf après l’explosion de son bateau
il y a 6 heures
Dimanche matin pourtant, tout allait bien pour Mayenne, comme elle le raconte dans sa story. Puis l’aîné pointe son nez vers le panneau de tuiles : “Du coup, je me suis rendu compte que ma guta avait éclaté sur une vague et j’avais plusieurs centaines de litres d’eau dans le bateau. Je m’arrête pour être en sécurité et je commence à tout vider. À ce stade, les batteries infestées d’eau tombent en panne et j’ai un black-out total à bord. Je n’ai plus d’électricité : plus de pilote automatique, plus d’ordinateurs, plus d’électronique.“
Un flot de flammes jaillit de la cabine.
Au cours de l’après-midi, il a remarqué de la fumée sur le navire mais après avoir utilisé ses extincteurs, il a réussi à la faire disparaître. Par précaution, il enfile sa combinaison de survie et se dirige vers le Portugal et le port de pêche de Cascais sur l’océan Atlantique. Sur une mer peu amicale, il parvient tant bien que mal à naviguer, dort deux heures le soir puis remonte à la barre toute la nuit. Mais le pire est encore à venir. Lundi après-midi, il ne resterait plus rien à sauver que sa peau. Il dit:
“Peu après 12h30, nouvelle fumée à bord. Après quoi il y a eu une explosion. Je suis revenu en rampant dans la cabine et j’ai réussi à récupérer mon TPS (combinaison de survie, ndlr). Mon grab bag (sac de survie) a été laissé dans le cockpit. Je retourne chercher mon alliance. J’ai appuyé sur l’extincteur, mais rien n’y fait. La fumée n’est pas blanche comme hier mais jaune. Chaînes et jaunes d’habitacle. Les embruns d’eau de mer sont comme le bruit de l’eau frappant une casserole. Je pense que je dois sortir de là.
Je préviens mon équipe d’une possible évacuation. Quand je raccroche, je suis prêt à activer ma survie à l’arrière du bateau : des flammes jaillissent de la cabine et éclosent. Je suis au milieu des flammes. Je ne peux même pas ouvrir les yeux. Je réussis à pousser le radeau de sauvetage dans l’eau et à sauter. Habituellement, la fin qui soutient la survie du bateau est abandonnée. Il ne lâche rien. Le bateau, que j’ai eu le temps de barrer, mais qui est toujours en mouvement, est poussé par une mer agitée, tirant des engins de survie qui se remplissent d’eau. J’arrive à monter dans l’avion sans être autorisé à repartir.”
Je pense que c’est là que tout s’est passé et que les choses ont pris un bon tournant. Je me dis : ‘Si tu veux vivre, tu as quelques secondes pour trouver un couteau et couper’. Amoka m’attire vers lui. Les vagues me ramènent dangereusement vers lui. J’ai finalement trouvé le couteau et je l’ai coupé. Mon radeau dérive sur l’Amoka, qui est en feu. Il mettra 30 minutes à couler. Je lui ai parlé et je l’ai remercié. Nous avons parcouru le monde ensemble en deux ans.“
Cependant, il n’est pas encore tiré d’affaire. Il est dans l’eau sur son radeau, pas sur la mer d’huile. Mais Fabrice Amedeo fera preuve d’un grand courage :Je me dis : “Personne ne sait que le bateau a coulé et que tu es dans ton radeau. Il y aura des informations.” C’est ce que je fais“Sous tout cela, il se demande que”Incroyablement silencieux“Le radeau se remplit régulièrement d’eau provenant de vagues déferlantes légères. Je comprends mais je me sens en sécurité. Cependant, je sais que rien n’est figé.“, il ajoute.
Toutes les 30 minutes, pour économiser les piles, je fais un appel de détresse à la VHF. Je prends la VHF à bord en remerciant mon team manager Eric qui a eu le temps de me donner ce conseil avant que je ne raccroche. Je garde les batteries de la flotte pour plus tard.
Ses premiers appels à l’aide sur la VHF ont disparu. “Puis, au bout d’un moment, une voix m’a réponduSurvivant continue. Un cargo qui se trouve à 6 milles de ma position entre dans la zone. J’en suis sûr, mais je ne vois pas comment je vais chevaucher un tel mastodonte avec cette mer. Je suis en communication constante sur la VHF avec le capitaine qui ne peut pas me voir : la mer est grosse, le soleil est des yeux et je suis un tout petit point orange. Il m’a dit : « Tu es en vie parce que tu m’as dit : je suis à environ 2 milles de ton côté tribord.‘.” (“Je suis à environ deux milles sur votre tribord.“)
La dernière étape du sauvetage est aussi la plus difficile, pas la moins dangereuse, et sans doute la plus terrifiante, comme le dit Fabrice Amedeo : “Être à quelques mètres de ce géant d’acier dans mon radeau pneumatique est très impressionnant.“. Cette “Le bâtiment“, selon son expression. Il faudrait deux voies pour le sortir de l’eau. Là encore, il flirte avec le pire.”L’équipage me lance des cordes que je n’arrive pas à fixer au début, laissant le marin filer. Enfin, j’y arrive. J’en récupère un près de la proue du navire. Tout se joue sur des cordes. Il y a une ligne mince entre le succès et l’échec, la survie et le drame.“
Dans un film, le suspense de cette séquence finale serait insoutenable. Mais ici il n’y a ni acteur ni scène. Juste le fait qu’un homme soit coincé entre deux décors dont on ne sait lequel est le plus terrifiant, la mer ou le cargo. Sauf que l’autre veut le sortir en premier ce qui risque de bien l’emballer.
Heureusement, la fin heureuse arrive. “L’équipage me tire jusqu’à une échelle qui a été abaissée.dit encore Fabrice Amedeo. Avec les vagues, je monte parfois au niveau des escaliers, puis je descends 5 mètres. C’est l’examen final. Si la survie passe sous l’escalier, elle sera percée et je serai jeté à l’eau. je me réfère. Première fois : je ne le sens pas. La deuxième vague, je monte et saute de l’échelle que j’atteins, puis me retrouve dans les bras d’un homme casqué. Je retourne sur le pont.“
A bord, les scènes partagées et racontées par tous les sauvés et sauveurs de l’histoire de la navigation, sans paroles, pourtant fascinantes, ne peuvent jamais rendre tout le sens de l’instant. “C’est fou en ce moment. Ils me prennent dans leurs bras, me félicitent. Avant que j’aie le temps de dire oups, ils m’emmènent dans une pièce, j’enlève ma combinaison de survie. « Mais tu es sec », dit-il sournoisement. Oui, oui, nous sommes chaussés de nos bottes de course ! J’ai pris une douche et me suis habillé comme un personnel.“
Sur le cargo, c’est la descente. La sérénité cède la place à la compréhension face à une catastrophe imminente. L’embarquement dans l’avion est aussi une descente émotionnelle. “C’est une fois à bord d’un cargo que la peur et l’adrénaline ont frappéil admet. Mes jambes tremblaient. C’est cette capacité des animaux que les humains doivent gérer dans des situations de survie. Et puis tombe. En sortant de la douche, j’ai été accueilli par le capitaine et son second. Nous tombons dans les bras l’un de l’autre. Ils ont aussi les jambes tremblantes, me disent-ils.“
Mardi, Fabrice Amedeo côtoiera ces hommes à quelques heures près. Mais des hommes qu’il n’oubliera jamais, et vice versa. La mer et la mort ne voulaient pas de lui. D’abord, il n’en veut pas : “Cette aventure ne remplace en aucun cas mon métier et ma passion pour l’océan.« Un marin ne s’en remet jamais.
Le chemin vers la jante
Caudrelier étend son avance sur Gabart.
il y a 17 heures
Le chemin vers la jante
A Happy Rescue : Quand Dick vient à la rescousse de Maisonneuve.
Hier à 17:44