
D’un rêve d’enfant à une première mondiale. C’est une histoire entrepreneuriale hors du commun qui conduira Mohamed Soliman, 25 ans, à présenter son invention au CES de Las Vegas début janvier. Sa toute jeune entreprise, Atmos Gear, a conçu et produit le premier modèle au monde de rollers électriques. D’une idée folle, née dans la tête d’un gamin de 13 ans, à la version commerciale du succès, c’est un véritable parcours de vie qui entoure cette innovation.
Qui n’a jamais rêvé de piloter un vaisseau Star Wars ou de piloter l’hoverboard de Marty McFly ? Des rêves qui se perdent face à une réalité implacable : ces objets n’existent pas. Si le commun des mortels a une raison, pas Mohamed Soliman : « J’avais 13 ans quand j’ai vu le manga Équipement d’air. Les personnages avaient des rollers électriques. Je voulais absolument les mêmes, mais ils n’existaient pas. Le jeune homme s’est donc contenté de patins normaux en attendant qu’un fabricant sorte un modèle électrique. “Cette idée ne m’a jamais quitté, et comme personne n’a commencé, je me suis dit que j’allais le faire moi-même”, poursuit-il.
Devenir ingénieur pour concrétiser son idée
Mais on ne conçoit pas ce type d’objet avec des morceaux de bois dans un garage. Pragmatique, Mohamed Soliman a donc cherché la formation qui lui permettrait de réaliser son rêve : « J’ai intégré le cursus ingénieur mécatronique à l’UTC Compiègne. C’est là que j’ai enfin pu changer de dimension en passant de simples croquis à de vrais prototypes. L’élément de manga préféré a pris forme pour la première fois en 2018 et Mohamed a adoré être son propre bêta-testeur, malgré les chutes. Les premiers modèles étaient sur deux roues, avec les batteries intégrées dans les rouleaux. “Trop lourd, ça ne rentre pas”, même s’ils ressemblaient à deux gouttes d’eau pour les patins à roulettes du manga.
Alors en bon ingénieur, il a changé le concept. “Il a fallu trois ans de R&D pour arriver à un système fiable”, avoue l’entrepreneur. Résultat, un patin à trois roues avec un moteur intégré dans la roue centrale, “le plus petit et le plus puissant du monde”, se félicite Mohamed Soliman. La batterie, qui offre une autonomie de 20 km, et la manette électronique permettaient de conserver la plaquette dans un petit sac à porter autour de la taille. L’avantage est que les patins peuvent être utilisés avec la même facilité avec ou sans assistance. Comme les skateboards électriques, les rollers sont contrôlés par une télécommande portable qui permet d’accélérer, de freiner et de voir le niveau de la batterie. Atmos Gear proposera également, dans un second temps, un mode d’assistance intelligent basé sur les mouvements du skateur. Réglementaire, la vitesse est limitée à 25 km/h en Europe, 35 km/h aux Etats-Unis, “mais contrairement aux vélos et trottinettes, on peut aller sur les trottoirs”, assure Mohamed Soliman.
L’innovation d’Atmos Gear s’adresse avant tout au marché déjà bien fourni des rollers. “Nous nous concentrons là-dessus pour 2023. Je pense que la cible s’élargira naturellement après cela, lorsque les gens verront le produit utilisé”, explique l’entrepreneur. S’il attend toujours de trouver son public, l’invention du jeune homme attire déjà les convoitises : “Ils commencent à nous copier, donc on a envie d’élargir nos horizons au-delà du marché français. Le CES servira également à dire à l’échelle internationale que nous étions les premiers. »